Tes récits m’ancrent

Le titre « tes récits m’ancrent » m’est venu lorsque j’ai entendu Rose Aimée Automne T Morin à la barre de sa très bonne émission de radio Points de repère, dernièrement, dire au poète et philosophe en résidence Christian Vézina que « les anecdotes personnelles comptent », ou quelque chose comme ça. 

Or, j’ai longtemps pensé que mes petites histoires personnelles n’étaient pas « pertinentes » dans l’immense récit du monde. Il y a tellement plus grand, plus vaste, plus intéressant, que je me disais. Mais au fil du temps, je réalise l’impact positif que celles des autres ont sur moi : elles m’aident à me constituer comme citoyenne, comme amie, comme amoureuse, comme femme, comme humaine… Recevoir un récit personnel d’une autre personne a le potentiel de provoquer des résonances. Ils ont le pouvoir d’activer des états d’empathie, de solidarité, de force, aussi. On s’y reconnait ou on s’en distingue. Même l’indifférence dit quelque chose de nous et participe à nous façonner.

Personnellement, les récits des autres m’aident à me sentir moins seule. Ils m’autorisent à être, valident mes intuitions et me font appartenir.

Ce n’est pas anodin dans la construction du soi en société. 

Je fais un parallèle avec l’action de l’œuvre. Une œuvre peut assoir « quelque chose » en nous. Un « quelque chose » parfois subtil parfois flagrant qui appartenait à l’artiste mais qui, grâce à son partage et à l’attention portée, résonne et nous appartient aussi.

Le récit de l’œuvre - de par ses lignes, ses couleurs, ses formes, son propos – participe à nous mettre au monde dans notre propre monde. Autant dans notre unicité que dans notre communauté.

(Est-ce qu’être au plus près de soi c’est être au plus près des autres ?

Et vice-versa ?)

Au-delà des récits des humains, je me questionne sur ce que les récits des autres vivants peuvent faire résonner en nous. Que partage-t-on avec un épilobe ? Avec une maman eider à duvet ? Avec une luciole ? Avec un lac ? Avec la forêt boréale ? Est-il possible d’entrer en résonance avec des individus qui ne nous ressemblent pas à première vue, avec des écosystèmes, via leurs récits ? Comment interviennent-ils sur nos sensibilités, sur ce que nous sommes et devenons ? 

« Tes récits m’ancrent »

une petite série 

de petits tableaux 

créés avec des matériaux recyclés qui contiennent des histoires, 

des palettes de couleurs inspirées de la nature, 

des techniques de travail transmises de générations en générations de femmes.